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Agathe et la Fabrikado


treize


Publié le 21 Février 2015

Enfance, ô pays merveilleux !

Dans l’intimité du Théâtre du Chien Blanc, où les enfants aiment se rendre, les petits yeux observent d’un air tantôt étonné, tantôt rieur. Solange Claverie les prend par la main et les emmène dans le pays enchanté de sa petite compagne, Agathe, la marionnette aux cheveux roux.

Aux pays des rêves et des cadeaux

Et non, ce n’est pas Poil de carotte, mais c’est un peu comme, avec un brin de légèreté en plus. Agathe se sent un peu à part. Ses camarades se moquent d’elle, sa maman s’impatiente, car à son âge elle ne sait pas encore attacher ses lacets. Mais Agathe se moque bien de tout ça, ce qui l’intéresse, ce sont les histoires merveilleuses que lui raconte sa grand-mère. Elle s’invente un autre monde. Même si ses petits lacets rouges l’embêtent – elle ne semble pas arriver à les attacher, il faudrait que quelqu’un lui explique. Punie après s’être cachée, elle va trouver une clé, enfin, LA clé pour résoudre ses soucis. Elle va l’aider à accéder à ce monde bien plus drôle et un peu…magique, j’ai nommé le pays des cadeaux! Les cochons en peluche s’animent, des personnages aux allures surprenantes font leur apparition.

Entre les mondes et les espaces

C’est un peu là où se situe l’âme d’enfant. Ni entièrement dans le réel, ni complètement dans leur imaginaire, mais cet entre-deux qui vacille.
L’espace scénique est divisé en deux, lui aussi : celui du quotidien d’Agathe, avec le jardin et sa chambre, et celui de ses rêves et des histoires racontées par sa grand-mère, la Fabrikado où elle grandit en prenant le temps loin de la sphère stressante du réel. L’espace de la Fabrikado est lui-même divisé en quatre espaces scéniques qui s’enchainent. La marionnettiste, en plus d’interpréter tous les personnages de la pièce, jongle entre eux avec une agilité certaine. On monte, descend et virevolte avec Agathe dans son pays imaginaire. Les bruitages donnent l’impression que la machine Fabrikado est vivante : elle crée, aspire et dévore, pour enfin libérer.
On trouve dans ce conte en mouvement des personnages attachants et sensibles qui vont aider Agathe à devenir un peu plus grande. L’un, un peu grimaçant, fraternisant avec le monstre, et l’autre dans un univers chatoyant, avec des noeuds colorés en guise de fleur. Les deux faces de l’homme, la matérialisation du bien et du mal, si l’on peut parler de mal, puisque celui-ci est plus tendre que ce que l’on croirait. Mais au fond, n’est-ce pas pareil pour les moqueries que subit Agathe dans la cour de l’école ? On ne dit jamais tout. Une sensibilité et un univers touchants.

Sandra Ferrara
www.lecloudanslaplanche.fr